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Coup de projecteur sur les lauréat.es du Prix SACD Websérie 2022 avec "Jacky & Lindsay"

mardi 9 mai 2023

Le Prix Websérie 2022 de la SACD vient récompenser le travail de Martin Goossens et Mathilde Mooseray à l'origine de Jacky & Lindsay, une websérie au récit truculent, dont l'écriture, comme la réalisation portée par Sylvestre Vannoonrenberghe, ont été récompensées par le Comité belge. Retrouvez l'éloge de Caroline Prévinaire et l'attachant entretien des trois complices, sans oublier quelques mots sur Marie Glichitch et Théophile Mou qui ont participé à l'écriture de la série !

 

L'éloge du Comité belge

Jacky & Lindsay est une websérie qui vous touche dès les premières secondes. Elle donne corps au chaos de la vie et à ces choses imprévisibles qui nous percutent et qui changent le cours de notre histoire. Une seule manière d’y survivre, trouver le moyen de s’aimer encore plus fort ! La réalisation énergique de Sylvestre Vannoorenberghe, l’écriture audacieuse de Marie Glichitch et Théophile Mou, mais surtout le talent de ces deux créateurs et interprètes, Mathilde Mosseray et Martin Goossens, en fait une série dont la Belgique peut être fière. Prix 2022 banners Web JackyLindsay Citation

Jacky et Lindsay sont deux personnages qui ont vu le jour sur scène, dans la pièce Sweet Home. Dans cette série, confrontés à une arène bien réelle, dans ce road trip tragicomique, ils développent encore plus de puissance. Comme dirait Jacky « Bin, ça peut pas être pire » … et puis BOUM !

 

Caroline Prévinaire, Membre du Comité belge de la SACD

 

 

Minisérie, Maxi récit

Une interview de Cécile Berthaud

 

Le prix SACD Websérie 2022 vient couronner « Jacky & Lindsay », un concentré du tourbillon de la vie dans une formule en 5 épisodes de dix minutes qui ne laisse pas de place au gras. Nerveuse, dense et drôle, cette websérie créée par Mathilde Mosseray et Martin Goossens réussit à mettre de la complexité et un regard sociologique dans une cavale en camion à glaces avec un enfant-chat. Un tour de force mené par une équipe qui a fait de la confiance son axe principal.

Quand on les rencontre en visioconférence, Martin a sa toute petite Babette en porte-bébé, Mathilde est installée chez elle et Sylvestre, le réalisateur de la série, est sur un balcon bruxellois avec sa cigarette. Les comparses se répondent, se complètent, se partagent la parole dans une fluidité typique des relations faites de complicité et de respect.

 

Quel a été le chemin de création de « Jacky & Lindsay » ?

Martin : Ça remonte à nos études à l’IAD. On était dans la même classe, Mathilde et moi, et on était tout le temps mis ensemble. Du coup, on a développé une relation particulière au niveau du jeu. Puis est né un collectif avec toute la promo et dans les trois spectacles montés, il y en avait un où on a créé Jacky et Lindsay sur scène.

Mathilde : Ça s’appelait « Sweet Home », avec des personnages qui rêvaient d’ailleurs, de sortir de leur univers, de leur condition sociale. On était dix sur scène, il y avait plusieurs histoires qui s’entrecroisaient et se répondaient. Ça nous a tellement plu, il y a eu une si chouette réponse des spectateurs qu’on s’est dit qu’on ferait bien encore quelque chose avec eux. Le temps a passé, puis fin 2019 j’ai dit à Martin « allez viens, on essaie ». Et là, c’étaient les rendez-vous typiques dans ma cuisine et les idées ont fusé.

Martin : Perso, j’avais envie de changer de médium. Je me souviens avoir dit que je n’avais pas envie de faire une pièce de théâtre car je n’avais pas assez de temps et que du coup on pourrait faire une série. La blague, comme on s’est trompé ! [Ils en rient encore tous les deux, ndlr.] On s’est calqué sur le modèle de la websérie RTBF, mais sans se dire qu’on allait postuler. C’était un projet sans pression à la base, on voulait le faire à notre rythme. Et puis, trois semaines plus tard, alors qu’on s’était vus deux fois, on tombe sur l’appel à projets de la RTBF. Là, on s’est dit « il faut qu’on le fasse ». Mais du coup, on avait peu de temps pour écrire une histoire, une structure narrative, faire un dossier solide, et on s’est donné corps et âme. Le projet sans pression est devenu intense. On se voyait tout le temps. On a réussi à boucler dans les temps et on a été sélectionnés pour faire un pilote.

 

Comment s’est passé le travail d’adaptation d’un projet né au théâtre en série ?

Mathilde : Notre écriture était théâtrale, il a fallu rendre tout ça en images. Ça a engendré beaucoup de questions. On a transformé l’histoire pour qu’elle s’ancre plus dans le réel.

Martin : On a travaillé la profondeur, les failles de nos personnages, car on les voulait complexes. Du coup, on a raconté leur passé, développé les traumas de leur enfance, ce qui fait qu’ils sont comme ça aujourd'hui. Et vu qu’on était dans un format court, on allait à l’essentiel. En soignant d'autant plus l’épaisseur de nos personnages que c’est nous qui allions les interpréter. Et en tant que comédiens, on veut des situations complexes !

Mathilde : On avait un peu vieillis, Martin allait devenir papa… Nos personnages avaient mûri mais on restait dans l’idée qu’ils cherchaient un ailleurs.

Martin : On a cherché à raconter ce qui les unissait : la force de leur amour dans l’adversité, sur fond de thématique sociale difficile mais sans apitoiement, en amenant de l’humour.

Mathilde : Et puis, 2-3 mois avant le tournage, Marie Glichitch et Théophile Roux sont venus renforcer notre écriture en tant que co-auteurs, en apportant leur input et leur expérience du cinéma. Ce travail en commun a été une réussite.

 

Comment Sylvestre Vannoorenberghe est-il arrivé dans l’aventure ?

Sylvestre : Le pilote a été fait par Michiel Blanchart, moi j’étais chef opérateur. Michiel n’a pas pu réaliser la série et donc ça a été moi. Je suis très content que vous m’ayez appelé !

Mathilde : En fait, c’est un peu la métaphore de l’amoureux et du meilleur ami. Car on s’est retrouvé dépourvus quand on a su que Michiel ne pourrait pas faire la suite. On s’est creusé pour savoir avec qui faire ça. Jusqu’à ce qu’on se rende compte que la personne idéale était là, sous nos yeux. Sylvestre était là depuis le début ! Et quand on s’est décidé à le faire ensemble, ça a été un soulagement car le projet était entre de bonnes mains. Nous, on n’avait quasi pas d’expérience en audiovisuel, tandis que toi, oui, Sylvestre. Tu savais ce qu’il y avait à faire en termes de préparation, comment transposer ce qui est écrit à la fois techniquement et artistiquement. Tu avais des personnes de confiance pour tous les postes.

 

Un tournage c’est souvent ainsi intense. Cela s’est bien passé ?

Mathilde : Il y a un degré d’adrénaline sur un tournage dont je ne me rendais pas compte ! J’en suis ressortie épuisée. Mais être devant la caméra tout en ayant un pied derrière, ça change complètement les rapports à l’équipe. Je pouvais voir et mieux comprendre le travail des autres. Humainement, c’était très chouette.

Martin : C’était un peu schizophrénique, mais franchement le tournage a été une expérience incroyable ! Je l’ai hyper bien vécu. L’équipe était fantastique, et ça c’est aussi parce que Sylvestre s’est entouré de plein d’amis et on sentait véritablement une équipe. Il y a vraiment eu une excellente ambiance où tout le monde se serrait les coudes.

Sylvestre : C’est vrai que pour vous ça n’a pas été confortable. Il a fallu aller très vite et on n’a pas eu le temps de préparer le tournage. Vous, vous n’avez pas eu ce tampon de confort entre la fin de l’écriture et le début du tournage. Pendant le tournage, vu le temps et les moyens, il a fallu faire des choix tout le temps, les changements étaient super fréquents, il fallait trouver des solutions d’écriture et de mise en scène souvent pour des raisons logistiques, pas artistiques. C’est stimulant, mais épuisant. Et vous, vous deviez passer du mode auteurs au mode acteurs, réécrire et jouer tout le temps. Mais vous avez bien géré. Et moi j’ai appris plein de trucs. Pour faire des choix, j’ai été aidé par le fait que mes acteurs principaux soient aussi les auteurs. L’autre chance, c’est que j’ai pu prendre beaucoup de monde que je connaissais. Travailler dans la bienveillance avec des personnes qui partagent ta sensibilité, ça vaut plus que le seul savoir-faire. C’est cet ensemble – Mathilde et Martin, plus des amis à tous les postes – qui a rendu tout cela possible.

 

Et aujourd’hui, cela vous fait quoi de recevoir ce prix websérie de la SACD ?

Sylvestre : Je trouve ça trop bien. On est quand même assez fiers de ce qu’on a fait. Or, il y a une petite frustration par rapport à la promotion de la série envers le public. Alors, de savoir que ce travail plaît aussi à des gens de la profession, ça me fait vraiment plaisir.

Mathilde : Oui, ça fait surtout plaisir. Il n’y a rien à faire, il y a un moment où on a envie d’un retour sur toutes ces idées qui viennent de nous. A-t-on été privés de promo car pas assez qualitatifs ? Non en fait. Ça valait vraiment quelque chose artistiquement. C’est ce que dit ce prix et oui, c’est important pour moi.

Martin : Quand j’ai appris qu’on recevait ce prix, c’est un sentiment de légitimité que j’ai tout de suite ressenti. C’est beaucoup de travail. Et autant dans le théâtre, on a un retour direct des spectateurs, autant dans le cinéma pas. Ça se fait via les interviews, les critiques, etc., et tout ça nous ne l’avons pas eu. Je suis très honoré d’apprendre que des pairs ont adoubé la série.

 

Cécile Berthaud

 

 

Pour aller plus loin

La websérie est disponible et visionnable sur Auvio.

Retrouver Martin Goossens, Sylvestre Vannoorenberghe, Marie Glichitch et Théophile Mou sur Instagram.

Retrouvez l'ensemble du Palmarès.

 

Coup de projecteur sur les lauréat.es du Prix SACD Websérie 2022 avec "Jacky & Lindsay"

© Marie-Hélène Tercafs

Mathilde Mosseray

2011, Mathilde sort de l’IAD pour devenir comédienne. Elle joue au théâtre et au cinéma. Elle manipule des marionnettes et chante aussi. Elle fonde une compagnie : Collectif Illicium. 2013, elle écrit ses premiers textes de stand up. C’est bon de s’écrire des personnages ! 2016, écriture collective pour Arbatache. 2019, elle coécrit Selfish. 2022, Jacky & Lindsay et un bébé dans l’année !

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© Nico Verfaillie

Martin Goossens

Acteur de formation, Martin se passionne très rapidement pour les autres métiers du cinéma et du théâtre. Il s’essaie à l’écriture, d’abord en tant qu’auteur et metteur en scène avec Bye Bye Bongo (2011), spectacle de la compagnie jeune public Domya. Passionné par le jeune public, Martin est également marionnettiste.

 

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© Clotilde Colson

Sylvestre Vannoorenberghe

Sylvestre Vannoorenberghe est directeur de la photographie et réalisateur. Après avoir chef opérateur des films T’es morte Hélène (2020) et Fils de plouc (2021), Sylvestre se livre à un autre défi : il réalise la websérie Jacky & Lindsay. Loin d’avoir dit son dernier mot, il travaille cette année sur les projets À la limite de Clotilde Colson et La nuit se traîne de Michiel Blanchart.

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© Alex Cabanne

Marie Glichitch

Après des études de Lettres à Lausanne, Marie poursuit sa formation à l’IAD en réalisation. Son film de fin d’études Une Bonne blanquette (2018) reçoit 14 prix. Avec ce film, elle se découvre un véritable amour de l’écriture. Elle a depuis collaboré à la création et au scénario de webséries et séries. Aujourd’hui, elle travaille sur l’écriture de son prochain film et d’un texte pour le théâtre.

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© Tom Vander Borght

Théophile Mou

Théophile Mou est né à Papeete. À 5 ans, il s’installe en Sibérie où il est élevé par une meute de loutres. À 18 ans, il migre vers la Belgique et son climat tiède. Là, il écrit et réalise plusieurs courts métrages, fait du théâtre, de la radio… En 2016, avec quatre amis scénaristes, il lance un projet rigolo et fauché : Boldiouk & Bradock sorti en 2019.