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"Une législature s’achève…" par Frédéric Young

mercredi 28 août 2019

L'article a été écrit pour le Magazine des Auteurs et Autrices #6 : A suivre... les séries dans le dossier "Mobilisation".

La législature écoulée n’aura pas été celle de la rupture revendiquée par nos sociétés au nom de leurs 6.000 créateurs et créatrices, et espérée avec Bouger les lignes.

 

Elle aura permis néanmoins des succès importants : la loi sur l’injection directe, la réforme de la définition de la copie privée, l’adoption des deux directives « droits d’auteur » et « radiodiffusion », la mise en place d’un réseau des échevins de la culture et de l’enseignement de la Région bruxelloise, l’adoption du prix unique du livre, ou encore le décret instances d’avis améliorant la parité avec des mécanismes d’alternance et de quotas, et la création d’un Conseil Supérieur de la Culture.


C’est sur le terrain de la situation sociale et professionnelle, de l’évolution des revenus réels et de la reconnaissance symbolique des artistes, que le bilan est totalement insuffisant en regard des problèmes identifiés depuis plus de 10 ans. Avec des moyens croissants accordés à la socio-culture et à l’éducation permanente, les politiques de la FWB laissent sur le côté trop de personnes : auteurs et artistes, groupes socio-culturels minoritaires ou marginalisés.


La diversité sociale des créateurs et des publics n’est toujours pas la norme dans le secteur culturel, et les collaborations entre le Fédéral, la FWB avec les régions, les nôtres ou les voisines d’Europe, demeurent insuffisantes.


Pointons encore parmi les échecs qui laisseront des traces, les droits de copie privée et de reprographie en brutale régression, et ce malgré une tentative de réforme avortée par les libéraux (flamands) le dernier jour de la législature.
Bilan complexe à lire donc, où il n’est pas aisé de faire la part des choses entre progrès et régressions.


… Une autre s’annonce


Des divers débats que nous avons organisés à la MEDAA (13 avril, 7 et 13 mai), aux autres auxquels nous avons assisté, des programmes et déclarations que nous avons lues, il ressort heureusement quelques points majeurs convergents :


- La situation sociale et professionnelle des créateurs, créatrices et artistes doit changer.
Le cadre fixé à la fin des années 90, basé sur un accès au chômage simplifié, n’est plus tenable, faute de consensus au niveau fédéral mais aussi parce que les effets pervers de ce « piège au non-emploi » sont de plus en plus manifestes.
Après des années de réflexion, la priorité doit aller à des mesures concrètes et rapides, associant les différents niveaux de pouvoir, permettant de redresser l’emploi artistique et d’accroître les revenus réels notamment des créateurs et créatrices. Le décumul des droits d’auteur et allocations de chômage a été cité en exemple.
Plus généralement, la priorité première, s’agissant de la politique culturelle, doit être portée sur la considération professionnelle des créateurs et des artistes, un état d’esprit et des mesures qui se transforment en contrats d’emploi décents, en commandes correctement rémunérées et en droits à rémunération au niveau requis par les obligations européennes de la Belgique.

- La situation des créatrices et artistes femmes doit s’améliorer aussi : alternances et quotas seront nécessaires, comme cela a été décidé pour le fonctionnement des instances d’avis.
Il s’agira d’ouvrir les postes de direction, les CA, les réseaux d’influence, emplois et commandes aux femmes artistes de façon déterminée, avec des objectifs quantifiés et des calendriers précis. L’égalité salariale devra être appliquée et évaluée en permanence, au moyen d’une transparence aujourd’hui insuffisante.

- La démocratisation culturelle doit cesser de régresser : la création, la circulation et l’accès aux ouvrages artistiques de tous genres, sont plus difficiles qu’il y a 5 ans et doivent être repensés. Il s’agira d’en faire profiter les créateurs, créatrices et artistes ainsi que les publics.

En ce sens, si de nombreuses voix demandent des droits culturels effectifs, c’est qu’il y a urgence professionnelle mais aussi sociétale.

 

Pour aller plus loin : 

. lire le Magazine des Auteurs et des Autrices #6 : "A suivre... les séries"

 

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